Lune d'Hivers [FINI]

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, illuminant de rouge et d'orange le pelage de mes congénères. Mon père, Lune d'Argent arrivait derrière moi, le vent avait porté son odeur. Son pas était resté léger dans la neige gelée.
« Il est temps que vous nous montriez ce que vous savez faire, tes frères et toi Hivers. »
Oui, il était temps pour nous de participer à notre première chasse. J'attendais ce moment avec impatience, depuis ce qui me semblait être une éternité. J'étais à la fois excitée et terrifiée. Je voulais prouver à tout le monde que j'étais capable, mais la peur d'échouer ne pouvait décidément pas me quitter. J'avais aussi peur que quelque chose se passe mal, personne n'est à l'abri du danger. Même si nous ne sommes pas les proies, nous ne sommes pas pour autant invincible.
Mes frères ne tardèrent pas à me rejoindre Flocon se plaça à ma droite, son regard vint chercher le mien, lui aussi avait peur, je le sentais. Je regardais autour de moi, Glace, Brume et Givre étaient aussi arrivés, notre mère, Neige, était aussi là. A présent tout le monde était prêt à partir en chasse, nous étions comme galvanisés et la faim n'arrangeait rien à la chose. Rapidement la meute ce mit en route, mes parents étaient en tête, suivit du couple Beta et nous, les petits, comme ils nous appelaient encore. Le vent sifflait dans mes oreilles, portant une vague odeur de cerf, qui semblait venir de loin. Mes pattes touchaient le sol sans un bruit, ce qui n'était pas le cas de celles de Flocon, il n'était vraiment pas discret celui-là, j'espérais juste que cela n'allait pas nous porter préjudice par la suite. Nous avancions à un rythme régulier, mais nous n'étions pas au maximum de nos capacités.  Même si les proies étaient particulièrement présente, il vaut mieux garder ses forces jusqu'à ce que la chasse commence véritablement, pour le moment, la traque venait tout juste de commencer.
Mon père interrompit la marche quelque instant après, alors que le soleil était quasiment couché à présent. La meute s'arrêtait, humant l'air qui nous entourait, comme pour mieux savoir où nous diriger. Un bruit sur ma gauche attira immédiatement mon attention. Toutes les oreilles se tournèrent aussi dans cette direction, aucun bruit de venait de nous, même pas celui de nos souffle. Tous nos sens était en éveille, je ressentais cela pour la première fois de ma vie. Des cerfs étaient près de nous, en haut de la colline. Ils devaient être trois, peut-être quatre, mais pas plus. Nous en aurions au moins un parmi eux. Il permettra de nourrir la meute pour ce soir, voir demain, avant que l'on se remette en chasse...
Je n'avais pas besoin de regarder autour de moi pour savoir où les autres se trouvaient, je savais qu'ils étaient là, on aurait dit qu'un nouveau sens venait me posséder, la perception.
Mes parents se tapirent au sol, on aurait un seul et même loup, je leur enviais leur position d'Alpha, j'aimerais l'être un jour, si le destin me le permet. Le couple Beta en fit de même, mais mon père nous dit, à tous :
« Brume, Glace, Givre et Flocon, vous allez les prendre en révère, pour les forcer à aller jusqu'à nous. Hivers, tu restes ici. »
Mes frères obtempéraient, se scindant en duo, allant de part et d'autres des proies que nous avions sentit. Je les sentais gravir la hauteur, s'évertuant à faire le moindre bruit possible. En quelques minutes ils étaient arrivés derrières les cerfs, c'est alors qu'ils lancèrent l'offensive. Tous mes muscles étaient bandés, prêts à bondir sur la proie. Les poiles sur mon échines se dressèrent, c'est seulement à cet instant que la peur me quitta, mon instinct avait prit le dessus sur tout. J'entendais le bruit fracassant des sabots se diriger à pleine vitesse sur nous. Plus près, de plus en plus près. Mon père fut le premier à bondir, sautant sans aucune hésitation sur le premier des cerfs. Ma mère l'imita quelque seconde plus tard, visant directement l'encolure de la proie, le forçant ainsi à se coucher au sol, où il recevrait le coup final. Un autre arriva, je jetais un coup d'œil rapide au Beta, comme pour se mettre d'accord. Mon moment était venu, je lâchais la pression qui me retenait maintenue au sol, bondissant sur la gorge du cerf. La pression qu'exerçait ma mâchoire sur lui était-elle que je ne tardais pas à sentir le goût de son sang sur ma langue.
Mes frères vinrent m'aider à en finir avec lui. Nous étions tout aux anges, c'était une franche réussite, pour eux comme pour moi.